Les tuyaux de Pignouf87 pour optimiser notre blog
Claquement de porte ! C'est Pignouf87 qui annonce toujours ainsi son entrée dans une pièce. Je faisais tranquillement le bilan du premier mois d'existence de notre blog, relisant quelques-uns de nos 50 articles et étudiant les statistiques pour m'encourager à poursuivre... C'est dans ce contexte qu'il faut replacer le claquement de porte. Je n'arrive pas à m'y habituer et je sursaute. Comme si je ne connaissais pas Pignouf87 ! Car, autre caractéristique de ce personnage mi-brute mi-abrupte : avec lui, il faut toujours s'attendre au pire...
"J'ai une idée ! s'exclame-t-il".
Qu'est-ce que je vous disais...
"Maintenant que nous avons passé notre premier mois d'existence, poursuit-il, si l'on faisait payer la visite de notre blog ?
- Qu'est-ce que tu me racontes, Pignouf ?
- Eh bien, que font les magazines pour trouver de nouveaux lecteurs ? Il propose aux clients la gratuité sur les premiers numéros avant de faire payer les numéros suivants ! Nous pourrions faire la même chose !!! Tu vois, RanDom, si tu t'intéressais un peu au mar-que-tingue, tu saurais ces choses-là !
- Non-mais-ça-va-pas-Pigne ? m'écriai-je. Faire payer les visiteurs pour avoir le droit de cliquer...
- A quelques centimes d'euros le clic, où est le problème ?
- ...
- Avec un accès libre au baise touffe pour appâter les souris.
- Le baise quoi ???
- Le baise touffe. Tu ne sais pas ce que c'est ?
- Chez moi, on dit le best of...
- Ah bon, chez toi c'est l'Angleterre ? Eh bien si tu vires en Gliche, c'est ton problème : chez moi, on parle français et pour éviter les anglicismes, on dit "baise touffe".
- ...
- Et puis avec un "baise touffe", on peut espérer attirer sur notre blog tous ceux qui tapent le mot "baise" ou "touffe" dans un moteur de recherche. Or crois moi si tu veux, RanDom, ils sont nombreux à espérer trouver un baise-en-ville sur e-Bay ou quelques touffes de cheveux à greffer sur crânes dégarnis...
- ...
- Alors, qu'est-ce que tu en penses ?
- Pignouf, d'abord, tu te calmes. Ensuite, tu m'écoutes.
1°) Tes idées sont tellement innovantes qu'elles risqueraient de déstabiliser le monde informatique et de faire exploser la bulle internet. Comme tu es visionnaire et possèdes 300 ans d'avance sur nous tous et les autres, je te conseille de mettre de côté ton génie et de revenir dans quelques siècles avec tes trouvailles magiques.
2°) Nous allons rester sur tes positions de la veille, inspirées par la relecture de nos chroniques sportives.
Rappel des faits : hier, 13 octobre 2008, claquement de porte ! C'est Pignouf87 qui annonce toujours ainsi son entrée dans une pièce. Au sommet de ma concentration, je mettais en ligne mon article sur "Femmes à vendre : un trafic mondial". C'est dans ce contexte qu'il faut replacer le claquement de porte. Je n'arrive pas à m'y habituer et je sursaute. Comme si je ne connaissais pas Pignouf87 ! Car, autre caractéristique de ce personnage mi-brute mi-abrupte : avec lui, il faut toujours s'attendre au pire...
"J'ai une idée ! s'exclame-t-il".
Qu'est-ce que je vous disais...
"Nous allons fêter l'anniversaire de notre premier mois d'existence !
- Quoi ?
- Eh bien oui, un mois d'existence, ça se fête, non ?
- Pignouf ! A ce rythme-là, tu veux fêter douze anniversaire au cours de l'année ? Un mois d'existence, cela ne vaut pas un anniversaire !
- Moi, je voulais seulement fêter les 50 articles que tu t'es tapés au cours du mois écoulé. D'habitude, quand tu entreprends quelque chose, on ne sait jamais comment ça finit ! Alors, pour une fois qu'on franchit un cap..."
Touché par cette remarque, j'acceptai de marquer le coup et de fêter ce cap. Autour de nos blondes à l'heure de l'apéro, nous n'étions pas peu fiers ! Comme on dit : ce qui est fait n'est plus à faire... "Mais à refaire", concède tout de même Pignouf87, jamais à court d'actions... On se lança dans un bilan.
"C'est étrange, commença Pignouf, tu veux faire un blog culturel et la majorité de tes articles sont des chroniques sportives...
- Eh, Pignouf87, les sports font partie de la culture à bien des égards !
- Oui, mais avec tous les films que tu vois, les livres que tu parcours, les musiques qui te font danser, tu préfères traiter de résultats sportifs et mathématiques, de ces faits intangibles... Comme si tu avais peur de participer au bouillon de culture qui critique tout ce qui sort au cinéma ou en librairie !
- Tu as raison, mon Gnouf, je vais m'atteler à la tâche et ne pas me contenter de chroniquer mes sports favoris et mes équipes préférées. Je vais aussi chroniquer mes préférences en matière de films, de livres, de musiques, d'images, etc.
- Voilà, RanDom, il faut nous re-cen-trer sur nos fon-da-men-taux !
"Il faut nous recentrer sur nos fondamentaux". Ne vous étonnez pas de cette formule. Pignouf87 étant un lecteur assidu de L'Equipe, il s'est constitué une petite philosophie à base de citations de joueurs de football.
Certes, il ne dira pas :
"Nous n'avons pas encore remporté le championnat, il faut prendre les matchs les uns après les autres, sans vendre la peau de l'ours..."
mais il dira : "Nous n'avons pas encore touché le pompon, il faut prendre les jours comme ils viennent, car rien n'est jamais acquis dans la vie !"
Certes, il ne dira pas :
"Même si mon but est le plus beau de ma carrière et de la saison, voire de l'histoire mondiale du football, cette victoire est d'abord la victoire d'une équipe, et sans mes coéquipiers, je n'aurais pu hausser mon niveau de jeu..."
Mais il dira : "Même si ce blog compte parmi ceux qui auront marqué l'histoire d'internet au cours de ce dernier mois, il n'aurait pu apparaître sur vos écrans sans ma maman et mon papa, etc. etc. (suit la liste de quelques centaines de personnes ayant apporté toutes sortes de choses à Pignouf, parfois un simple bonjour, car un simple bonjour peut égayer une sombre journée de notre existence)"
Après m'avoir exposé sa philosophie, mi-bouddhiste, mi-footix, Pignouf87 formula sa nouvelle résolution : "Il faut nous recentrer sur nos fondamentaux" ! Je lui demandais ce qu'il voulait dire par là, et il m'expliqua que c'était une formule rugbystique pour désigner la solution à tous nos maux.
Encore nous fallait-il déterminer quels étaient nos fondamentaux ! Nous nous étions lancé dans l'aventure overbloguée avec l'énergie du néophyte et des idées de mer...veille, voilà maintenant qu'on se posait la question des fondamentaux...
Imaginons que notre blog soit un autre média déjà existant.
Par exemple une émission de radio, un film de cinéma, une revue, un livre, une émission de télévision, un morceau de musique ou un autre site internet...
A quelle émission de radio voulait-on que ce blog ressemblât ?
Le choix de RanDom : L'Afrique enchantée, France Inter, le dimanche à 18h10.
Pourquoi ? Cette émission radiodiffusée me rappelle la fraîcheur d'une première histoire d'amour. Je me souviens d'une fille qui me parlait de l'Afrique comme d'un continent inégalable par sa chaleur humaine. En moi, la chaleur humaine venait surtout des filles. Mais pourquoi pas l'Afrique ? Cette amie m'amenait régulièrement des revues GEO avec de superbes photos de déserts, de savanes, de steppes ou de forêts équatoriales... Elle me montrait ses fabuleux clichés et me permettait d'approcher mon visage de sa petite épaule et d'inspirer un peu de son parfum. Mais revenons à l'Afrique enchantée. L'émission est présentée par Vladimir Cagnolari et Solo Soro (Souleymane Coulibaly). Solo Soro n'est pas français mais ivoirien et réfugié politique. Parce qu'il critique régulièrement le gouvernement ivoirien et parce qu'il appartient à l'ethnie sénoufo, sa vie est menacée. Deux de ses cousins, portant le même nom que lui, sont tués. Il fuit à Paris en 2002 car, l'année précédente, il avait sympathisé à Abidjan avec Vladimir Cagnolari, jeune reporter de RFI et ethnologue passionné d'Afrique. A la radio, Solo Soro rigole tout le temps d'un rire tonitruant : "Lorsque je me suis rendu compte que j'étonnais parce que je saluais chaleureusement et bruyamment les personnes que je ne connaissais pas, je me suis dit que ce n'était pas à moi de m'adapter." explique Solo Soro dans un article de Télérama, n° 3065, 8 octobre 2008, p. 157, dans l'article "Hauts en couleur" d'Anne-Marie Gustave. L'émission alterne musiques africaines et paroles politiques ; elle raconte en chansons et récits du quotidien les pays du continent. Solo Soro, de 26 ans l'aîné de Vladimir Cagnolari, surnomme son partenaire "Kassagourou" (le secoueur de rosée, soit le jeune qui, dans la brousse, secoue les branches afin que les anciens ne soient pas mouillés). Le surnom de Solo Soro est "Vagabondage" car il a une femme au pays et deux enfants à Washington. Mais parce qu'il a trouvé en France "une part d'humanité", il va demander le regroupement familial et la nationalité française... Ecouter cette émission à la fois instructive et récréative, entendre ces voix franches et leur ton décalé parmi les émissions formatées de radio, c'est un peu retrouver le parfum de cette amie et sa petite épaule qui dégageait tant de chaleur humaine avant qu'elle ne disparaisse comme ont disparu beaucoup de mes rêves.
Le choix de Pignouf87 : le Multiplex de Football sur Europe 1 le samedi en début de soirée. Qu'est-ce que c'est ? La retransmission des matchs du championnat de football (L2 le vendredi et lundi, L1 le samedi et dimanche).
Pourquoi ? RanDom évoque ses premiers sentiments amoureux, Pignouf87 remonte encore plus loin dans son enfance. Il écoute le "Multiplex" depuis qu'il a neuf ans, la saison 1985-1986. Il supporte les Girondins de Bordeaux. Beaucoup d'articles sportifs de ce blog évoquent d'ailleurs cette passion. Encore aujourd'hui, écouter cette émission revient à croquer sans complexe dans la madeleine de Proust. Quand Pignouf a passé une mauvaise semaine ou craint une semaine à venir mouvementée, il se réfugie dans un recoin de son appartement avec sa petite radio. Il ne crie pas "Maman, au secours !" et ne suce plus son pouce mais son coeur vibre toujours comme avant en suivant les exploits de son club. Il décortique le journal L'Equipe, les statistiques, les témoignages de joueurs, pour sonder une réalité parralèle à notre modeste monde. Et si vous vous moquez de son "dada", il vous affirmera avec fierté : "c'est le footbâl qui m'a enseigné la géographie !" Ce qui fait bien rigoler RanDom. Lire aussi l'article : "C'était l'âge où Dominique Rocheteau jouait."
Imaginons que notre blog soit un film de cinéma
A quelle film de cinéma voulait-on que ce blog ressemblât ?
Le choix de Random : Lundi matin.
Pourquoi ? J'ai déjà évoqué, dans un article précédent, ma passion pour le cinéma buissonnier. Pour simplifier, mon syndrome du Lundi Matin, c'est le rêve de rompre avec la routine. Ne pas achever son week end par un retour à la semaine / à la réalité. Le héros de Lundi Matin rompt sa mélancolie par un voyage à Venise. Ce sont ces instants de liberté absolue qui me font rêver et que je cherche à retrouver dans les films de cinéma que je vais voir. A l'inverse, je n'aime pas les simples films dits de divertissement qui ne servent, justement, qu'à faire diversion. Le film de cinéma buissonnier est celui qui propose un autre choix à sa vie. Libre au spectateur, en quittant la salle, de transformer en profondeur son existence au lieu de répéter de manière hébété des dialogues creux et des tirades plates...
Le choix de Pignouf87 : La Vie est belle (La Vita è bella, film de Roberto Benigni, 1997, Grand prix du Jury de Cannes 1998, César et Oscar 1999).
Pourquoi ? Pour traverser la vie comme un clown. Et pour faire rire les autres quels que soient leurs malheurs. Je n'ai jamais vu Pignouf87 se mettre en colère. Quand on vient le voir pour un problème, il écoute d'abord et tente ensuite de consoler, de réconforter, de faire rire et faire voir la vie sous un angle plus heureux. Dans le film, le camp de concentration évoque la tragédie absolue, le mal absolu... Au lieu de résister, de lutter contre, le héros, plutôt anti-héros, se sacrifie pour que son enfant survive aussi bien physiquement que moralement. Il n'a besoin que d'une seule énergie : aimer et se savoir aimé. Mais là encore, il n'aime pas une simple femme sinon une princesse charmante. La Vie est belle n'est donc pas un film qui enseigne l'Histoire, c'est un conte qui enseigne l'humanité. Dans ce conte, Pignouf87 ne jouerait pas le rôle du prince charmant mais celui du fou du roi. La vraie tragédie, c'est qu'à force de faire rire, il finit par faire pleurer sur son sort. On pense aussi aux personnages comiques de Woody Allen qui font rire malgré eux, qui attendrissent et qui, finalement, nous rendent plus humain. La Vie est belle est plus qu'une lutte manichéenne entre le Bien et le Mal, c'est plutôt l'épanouissement du Bon à cause du Mal. Et c'est un peu le sens de sa vie, à Pignouf87 : comment rester bon, dans une situation malheureuse ou face aux malheurs des autres ? Ce n'est pas seulement une question de solidarité. Un geste solidaire ou de révolte est bien simple. Et bien éphémère. Rester bon paraît plus difficile, dans ce monde qui nous pousse à ne penser qu'à soi, d'abord à soi, avant de penser aux autres, et encore ! quand on daigne penser aux autres ! C'est là que Pignouf87 m'attendrit, il ressemble à la Pauline Quenu d'Emile Zola dans La joie de vivre: A quoi bon chercher son propre bonheur puisque la mort viendra et le fera disparaître comme elle fera disparaître notre corps. Puisque ce bonheur est forcément temporaire, pourquoi ne pas rendre heureux, même de manière éphémère, ceux que la vie éphémère nous a fait croiser ? Pourquoi ne pas chercher sur leurs lèvres un sourire que nous aurions mis là ? Et d'être aimé comme on aime, tant qu'il est encore temps.
"Pignouf ? Pourquoi t'es trop bon ? lui demande-t-on souvent.
- Parce que si tu n'es pas capable d'embellir la vie des autres, comment veux-tu que ta propre vie soit belle ?
- Mais c'est de la naïveté de croire que la bonté suffit : être trop bon, par exemple, peut encourager les autres à profiter, à abuser de toi !
- C'est pour cela qu'il y a l'amour : je suis tout de même assez intelligent pour savoir que je ne peux pas faire le bonheur de tout le monde mais que je peux au moins faire le bonheur des personnes que j'aime. Cet amour, là, je ne sais pas d'où ça me vient. Alors pour ne pas gâcher cet amour, je fais tout pour être bon... Je suis triste pour ces gens qui ne pensent qu'à leur profit, qu'à leur bonheur : eux ne connaissent pas le bonheur d'aimer et d'être aimé qui fait que ma vie est belle.
- Oui mais ce n'est pas si facile, pour les gens qui vivent dans des situations malheureuses...
- Moi, je ne me résigne pas, c'est le sens de ma vie : rendre heureux sans me trouver de prétexte pour me résigner..."
A suivre...
Et si notre blog était une revue ou un livre...
Et si notre blog était une émission de télévision ou un site internet...
Et si notre blog était un morceau de musique ou une chanson...
A quoi voulait-on qu'il ressemblât ?
"Pignouf ?
- Hein ?
- T'en veux une autre ?
- De quoi ?
- De blonde...
- Y a plus de brune ?"