Pignouf87 rencontre une championne de courses à pied : l’interview !

Publié le par RanDom

Elle s’appelle Marjorie Ranger, elle a 28 ans et cette maîtresse d’école consacre beaucoup de sa vie auprès de vos enfants. On n’a pas encore mesuré le nombre de kilomètres qu’elle parcourt dans la salle de classe au cours d’une journée bien remplie en émotions. Ce qui est certain, c’est qu’en dehors de l’école, elle use le macadam, les pistes et les sentiers d’Indre-et-Loire en même temps que ses chaussures de course à pied. Au cours de son adolescence, elle s’est en effet découvert un superpouvoir : l’indestructible impression de bien-être à faire courir les garçons, à leur faire tourner la tête aussi vite que tourneraient ses jambes.


 
            Pignouf87 n’ayant pu la rattraper malgré ses entraînements répétés sur les bords de l’Auzette, c’est par courriel qu’il contacta la championne. Elle avait déjà fait l’objet de plusieurs articles dans la presse locale (voir l’article de La Nouvelle République du 11 janvier 2008 après que la gazelle a couru le marathon de New York). Malgré son travail et un emploi du temps de maîtresse et de femme très chargé, Marjorie eut la gentillesse de se rendre disponible et de répondre à quelques questions. L’objectif était simple : il fallait montrer aux hommes, plus qu’une jolie silhouette d’athlète, un véritable tempérament de sportive ; et apporter aux femmes, plus qu’un article de revue féminine sur « faire du sport pour perdre des kilos », un témoignage positif sur la pratique d’un sport capable de rendre heureuse.

            
Et Marjorie ne contredira pas Pignouf87… Aux premières questions rituelles « Pourquoi courir ? Qu’est-ce que ça apporte ? Qu’est-ce qu’elle fait là en tenue plus ou moins moulante et plus ou moins fluo ? », elle pourrait facilement répondre « Eh bien courir a changé ma vie ! » À vous de découvrir comment…


Pignouf87 : Pourquoi avoir choisi de persévérer dans la course à pied plutôt que dans la danse moderne ou le volley-ball ?


Marjorie :  En fait, ma motivation de courir est liée aux étapes de ma vie.

Jusqu’en classe de 5ième j’ai fait de la danse moderne, de la gymnastique et du volley-ball. J’aurai pu poursuivre la danse ou la gymnastique mais il aurait fallu que le club évolue aussi (l’âge des participants et un entraînement plus poussé). Pour le volley-ball, j’ai eu le malheur de me retrouver avec des filles qui avaient plus d’expériences que moi ; je me suis donc retrouvée vite à l’écart. Je n’en ai fait qu’une année. Arrivée en 4ième, je ne me suis pas licenciée dans un club sportif… C’est là que j’ai commencé à courir pour me défouler.


À 14 ans, on ne voit souvent pas l’intérêt de courir. Au collège, je me motivais en me disant que mon beau prof de sport « m’admirait ». À l’entraînement, ce fut très dur au début : j’ai dû apprendre à respirer, utiliser mes bras… Les efforts ont payé et j’ai remporté enfin des victoires. J’ai donc couru pendant mon adolescence pour la gloire !


À la fac, je me suis rendu compte que la course à pied me permettait de me « désangoisser ». Mes crises d’anxiété s’espaçaient quand j’avais un entraînement régulier. Et puis, lors des sessions d’examens, ça me défoulait donc moins de stress. La course était comme un antidépressif ! Après la fac, j’ai vraiment voulu :

-       progresser et passer sous la barre des 40 min sur 10 kilomètres…

-       et trouver un homme car je sentais que c’était dans le milieu sportif que je rencontrerais l’âme sœur. Effectivement, quand j’ai rencontré Fred, il est également devenu mon coach. On aime beaucoup s’affronter (dans tous les domaines sportifs).


Aujourd’hui, surtout après le marathon de New York, je suis à la recherche d’une « nouvelle motivation » ; je suis lasse de courir comme je l’ai fait jusqu’à aujourd’hui ; toujours devoir faire des résultats… Fred et ses amis m’ont convertie : je crois que je vais me diriger vers le marathon mais en le liant à l’exotisme… vers le plaisir comme j’ai pu le vivre à New York.


Je suis en ce moment en arrêt, côté course à pied, pour concrétiser mon désir de maternité mais après je reprendrai avec l’objectif d’un marathon à l’étranger.

MARATHON DE NEW YORK : « Quand je regarde cette photo, je revis toutes les sensations de la course. »



Liens vers le site ING du marathon de New York : plan et diaporama du marathon 2007.

 
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Pignouf87 : Pour montrer aux hommes qu’une fille ne court pas que pour son régime du dimanche, peux-tu nous indiquer quelques performances ?


Marjorie : Sur 5 Km, j’ai fait quelque 19 min et des poussières. Sur 10 Km, j’ai commencé à 47 min pour atteindre les 39 min 20 au bout de 7 ans. Sur mes deux 20 Km, j’ai fait 1h22. Mon seul semi : 1h33 (préparation marathon). Mon marathon de New York : 3h20.


Pour ce qui est des podiums, je ne les compte plus (je dois avoir une centaine de coupes) mais ma grande victoire reste celle des 10 Km des « Gendarmes et voleurs » à Ambazac.


C’est vrai que je ne cours pas pour le régime, mes amis sont toujours surpris de me voir manger sans complexe. Ils s’attendent toujours à ce qu’une coureuse fasse la difficile !


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Pignouf87 : Sur quelle distance te sens-tu le mieux, la plus épanouie ?


Marjorie : Il y a deux ans j’aurais répondu : sur 10 Km (pas trop court ni trop long). Pourtant, depuis ma préparation au marathon, mon semi et le marathon lui-même, j’estime « le long » (comme on dit) très épanouissant et source de plaisir. L’effort est moins violent et l’on apprend à mieux écouter son corps.


 
Pignouf87 : Sur le plan physique, quelles sont les douleurs et les contraintes qu’entraîne la pratique de ce sport pour une fille.


Marjorie : Je n’ai jamais eu trop de soucis, peu de blessures et comme je suis raisonnable, je m’arrête pour guérir vite. Le plus gros souci est celui des menstruations ! Elles se dérèglent facilement à cause de la course. Et puis courir avec est plutôt désagréable à cause des douleurs qu’elles entraînent. Jeune, je n’hésitais pas à courir les compétitions car je n’aimais pas déclarer forfait mais depuis quelques années, je préfère annuler une course ou l’entraînement.


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Pignouf87 : La course à pied est-elle une discipline si individuelle que ça ?


Marjorie : Elle a été individuelle au départ pour moi puisque je courais seule à l’entraînement (sauf si mon clown de frère me coachait) et lors des compétitions, je me retrouvais face à moi-même. Petit à petit, j’ai pris conscience que si je voulais évoluer je devais rejoindre un club. À l’époque, je courais pour les podiums et au moindre échec je me disais « faut que je me licencie ». Quand je suis entrée dans un club, j’ai découvert l’entraînement en groupe puis les séances sur piste avec d’autres coureurs qui vous boostent. Aujourd’hui, j’ai du mal à m’entraîner seule, souvent je prends le MP3. Par contre, en compétition on reste confronté à soi-même.


Pignouf87 : Peux-tu remercier ici tous ceux qui te supportent et ne manqueront pas de lire cet article ?


Marjorie : Je vais d’abord remercier deux hommes. Pour ne pas créer une scène de ménage, je vais commencer par mon homme qui a su m’ouvrir à un nouveau monde de la course à pied : les longues distances, de nouvelles amitiés, la piste… Il m’aide à faire sortir le meilleur de moi-même. Le second est mon frangin… il m’a appris à courir et à ne pas être dégoûtée de la course. Et puis il faut le dire, c’est surtout lui qui m’a le plus supportée. Je l’ai pas mal « engueulé » lors des entraînements et des compétitions (courir avec moi est rarement agréable !...) Je remercie mes parents qui ont été souvent sur le bord de la route à m’encourager et à gérer l’intendance.


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Pignouf87 : Est-ce que la Haute-Vienne t’offre de bons circuits de courses à pied.


Marjorie : Je vais tout de suite citer Ambazac où j’ai découvert un super site. J’aimerais aussi faire la course des deux ponts de Nedde. Les compétitions de ce genre sont super bien organisées et très conviviales, ce qui manque dans les grandes courses tourangelles. Le circuit de pignouf87 est pas mal aussi, le long de la Vienne, car le site est beau et il y a du monde.

 


 
Pignouf87 : Tu préfères courir en ville ou à la campagne ?

Marjorie : Je n’ai pas de préférence. J’évite de courir seule dans la campagne, j’ai peur des mauvaises rencontres humaines et animales. Ce que j’aime faire, c’est courir sans parcours précis en tête et aller au gré de mes envies, à droite, à gauche… Il m’est déjà arrivée de me perdre lors d’un entraînement de 45 min qui s’est alors transformé en une longue sortie de 1h30. J’aime aussi, quand la motivation me manque, courir en ville pour rencontrer du monde et « crâner » (des restes de l’adolescence !)


 
Pignouf87 : Est-ce que la course à pied se concilie facilement avec tes nombreuses activités quotidiennes ?


Marjorie : C’est parfois difficile. Pendant les études et au début de ma carrière d’instit il m’arrivait d’arrêter l’entraînement sur une longue période à cause du manque de temps. Depuis quelques années, je me « force » à y consacrer du temps, ça défoule et ça ne peut-être que positif.  Ce n’est qu’une histoire d’organisation : je bloque le mardi et jeudi soir pour la piste, le mercredi après-midi et le dimanche matin pour l’endurance. Le fait que mon homme court facilite aussi la tâche.


 
Pignouf87 : À quoi tu te dopes ?


Marjorie : À une époque, au jus d’oranges pressées !!! Depuis 4 ans, je me dope avec les hormones de l’amour. Je connais aussi de mieux en mieux les endo-machin-choses et, dès qu’elles arrivent, je les savoure pour me doper de bien-être.

PHOTO : AUX 20 KM DE TOURS, AVEC LE SOURIRE… ET FRED ?

 

Pignouf87 : Quels sports préfères-tu voir à la télé ? Des sports où tu peux admirer de beaux athlètes ou des sports où tu peux te comparer avec les filles.


Marjorie : J’aime voir les filles courir sur la piste : je trouve ça beau et je jalouse leurs foulées. J’ai longtemps aimé le cyclisme à cause du « beau » Laurent Jalabert. Faut tout de même avouer que je regarde le sport pour voir les beaux sportifs !


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Qu’est-ce qui vous intéresse chez les sportives du 3e millénaire ? Faites vos commentaires ! Et quel genre de sportifs préférez-vous, mesdames ?


 
Pignouf87 : Par quel commentateur sportif aimerais-tu être interviewée ?


Marjorie : Nelson Montfort bof, bof ! Par contre, interviewée par Bernard Faure, spécialiste de l’athlétisme et qui a l’air très posé et pro. [Lien avec le site de Bernard Faure]


Pignouf87 : Une chance de te voir au marathon de Londres 2012 ?


Marjorie : Pas à celui des JO, pourquoi pas à l’édition qui a lieu chaque année ! Mais ce n’est pas celui que je veux faire tout de suite. J’aimerais en faire un en Italie (Venise, Florence) ou d’autres en Europe comme Amsterdam, Vienne, Berlin ou ceux de Russie. Aux USA, il y a Chicago qui me tente sinon refaire New York. J’espère un jour faire aussi celui de Pékin, on m’en parle beaucoup et ça m’impressionne. Il y a également les marathons dans des lieux de rêves : Hawaï et Tahiti !


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Pignouf87 : Quelle est l’encouragement de supporter que tu apprécies le plus ?


Marjorie : Quand on dit simplement « allez Marjorie ! » ; en fait, ça dépend de mon état d’esprit du moment. Si on me dit « c’est bien » alors que je cours mal j’ai tendance à ne pas apprécier !


 
Pignouf87 : Et quel est le commentaire le plus nul qu’on t’ait déjà fait dans le cadre de la course à pied ?


Marjorie : Je n’aime pas les commentaires qui montrent une déception parce qu’on attendait que je fasse un chrono ou un podium. Il y a des moments où il faut s’avoir se mettre en retrait pour se préserver ou pour préparer une autre compétition.


 
Pignouf87 : La question classique, pour conclure, quels conseils donnerais-tu aux petites filles de ton école qui voudraient se mettre à imiter leur maîtresse ?


Marjorie : Cette année, j’ai entraîné 83 mômes pour une course de 1,7 km. Quand j’ai encouragé deux mômes car ils commençaient à fatiguer, ils m’ont répondu « C’est facile, toi, tu as fait des marathons ». J’avoue avoir reçu ça en pleine face mais j’ai vite mis mon expérience à leur service en leur montrant des petits trucs. Je ne sais pas si je pourrais donner des conseils à une petite fille qui souhaiterait m’imiter. J’aurai trop peur de la dégoûter surtout si elle n’a pas mes facilités. Je lui dirais surtout de ne pas brûler les étapes, de ne pas vouloir aller trop vite, prendre son temps pour progresser. Si elle ne prend pas de plaisir en courant au bout d’un certain nombre d’entraînements et compétitions, qu’elle arrête. 


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Nous espérons que Marjorie ne s’arrêtera pas de sitôt ! Mais il est vrai que Pignouf87 n’y connaît pas grand-chose à la vie d’une femme qui doit gérer son métier, son ménage, ses passions et ses rêves de future maman. Et quand viendront les soirées à raconter des histoires à ses petits, la championne de courses à pied se fera sans doute conteuse pour narrer les aventures d’une gazelle dans les steppes africaines de Touraine et du Limousin… Et Pignouf87 aimerait bien être à ses côtés, à s’endormir et faire de beaux rêves…

 

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